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Chauffage en immeuble collectif : quelles solutions en re2020 ?

Publié le 06/01/2025 | Temps de lecture : 9 min
Chauffage en immeuble collectif : quelles solutions en re2020 ?

Les systèmes de chauffage bas carbone s'imposent dans les immeubles collectifs neufs

Ce qu'il faut retenir

La re2020 transforme radicalement le choix du chauffage en immeuble collectif. Depuis 2025, les solutions 100 % gaz sont bannies au profit des pompes à chaleur collectives, des réseaux de chaleur urbains et des systèmes hybrides. Ces technologies permettent de respecter le seuil d'émissions de 6 kg CO₂/m²/an tout en garantissant confort et économies pour les résidents.

Auteur : Antoine Maréchal · Thermicien chez Etude-bet · Publié le 06/01/2025

Introduction : le défi du chauffage collectif face à la re2020

Il était une fois un promoteur immobilier qui, en 2021, prévoyait de chauffer son nouveau programme de 80 logements avec une chaudière gaz collective. Solution éprouvée, économique à l'installation, que demander de plus ? Puis la re2020 est arrivée, et tout a changé. Cette anecdote, des centaines de professionnels l'ont vécue ces dernières années.

La réglementation environnementale 2020 impose depuis le 1er janvier 2022 des exigences inédites pour les constructions neuves. Pour les immeubles collectifs, le calendrier progressif a conduit à un véritable tournant en 2025, avec un seuil d'émissions carbone abaissé à 6 kg CO₂/m²/an. Comment les maîtres d'ouvrage peuvent-ils relever ce défi ? Quelles solutions techniques s'offrent à eux ? C'est ce que nous allons explorer ensemble dans ce guide pratique, destiné aux promoteurs, bailleurs sociaux, architectes et futurs propriétaires.

Sommaire

Le contexte réglementaire : ce que la re2020 change pour le collectif

Avant la re2020, près de 75 % des logements collectifs neufs étaient chauffés au gaz naturel. Cette époque est désormais révolue. La nouvelle réglementation introduit l'indicateur Ic énergie, qui mesure l'impact carbone des consommations énergétiques sur 50 ans. Pour le logement collectif, les seuils ont évolué progressivement : 14 kg CO₂/m²/an entre 2022 et 2024, puis 6,5 kg CO₂/m²/an depuis 2025.

Ces seuils excluent de facto les solutions exclusivement fossiles. Une chaudière gaz seule émet environ 5 tonnes de CO₂ par an pour chauffer un immeuble, soit dix fois plus que ce qu'autorise la re2020 par mètre carré. La réglementation pousse donc vers des systèmes décarbonés : pompes à chaleur, réseaux de chaleur, biomasse ou solutions hybrides associant plusieurs énergies.

Évolution des seuils Ic énergie en logement collectif re2020

Évolution progressive des seuils carbone pour les logements collectifs neufs

La pompe à chaleur collective : la solution phare

La pompe à chaleur (PAC) s'impose comme la technologie de référence pour décarboner le chauffage des immeubles. Son principe est simple mais redoutablement efficace : capter les calories gratuites présentes dans l'air, l'eau ou le sol, puis les amplifier grâce à un cycle thermodynamique. Résultat : pour 1 kWh d'électricité consommé, la PAC produit 3 à 5 kWh de chaleur.

En collectif, deux configurations principales existent. La PAC collective centralise la production pour l'ensemble du bâtiment, avec distribution via un réseau hydraulique vers chaque logement. À l'inverse, les PAC individuelles équipent chaque appartement séparément. Le choix dépend de la taille de la copropriété, de l'espace disponible et du mode de gestion souhaité.

Les types de PAC adaptées au collectif

La PAC air-eau représente la solution la plus répandue en immeuble neuf. Elle capte les calories de l'air extérieur via une unité installée en toiture-terrasse ou au sol. Simple à mettre en œuvre, elle assure chauffage et eau chaude sanitaire. Selon l'association Qualitel, cette configuration équipe désormais plus de 50 % des opérations collectives neuves.

Pour des performances supérieures, la PAC géothermique (ou eau-eau) puise les calories dans le sous-sol grâce à des sondes verticales. Son rendement reste stable quelle que soit la température extérieure, contrairement aux systèmes aérothermiques. Toutefois, elle nécessite des forages parfois complexes en milieu urbain.

L'Association française pour les pompes à chaleur (AFPAC) estime que le raccordement à une PAC collective permet de réduire la facture énergétique de 40 à 70 % par rapport à une chaudière gaz traditionnelle. Un argument de poids pour les projets soumis à la re2020.

Les réseaux de chaleur urbains : l'alternative de choix

Imaginez un système de chauffage mutualisé à l'échelle d'un quartier, voire d'une ville entière, alimenté majoritairement par des énergies renouvelables. C'est exactement ce que proposent les réseaux de chaleur urbains. En France, plus de 900 réseaux alimentent déjà 6 millions d'habitants, principalement en habitat collectif.

Le principe est élégant : une chaufferie centrale produit de l'eau chaude ou de la vapeur, distribuée via des canalisations souterraines jusqu'aux sous-stations installées dans chaque immeuble. Ces réseaux sont alimentés en moyenne à 66 % par des énergies renouvelables et de récupération : géothermie profonde, biomasse, chaleur des usines d'incinération ou data centers.

Schéma de fonctionnement d'un réseau de chaleur urbain

Principe de fonctionnement d'un réseau de chaleur alimentant un quartier

Pour les immeubles collectifs neufs, le raccordement à un réseau de chaleur présente des avantages majeurs selon le Cerema. D'abord, la conformité re2020 est facilitée grâce au contenu carbone réduit de ces réseaux. Ensuite, les tarifs sont compétitifs et stables : selon l'association Amorce, le chauffage urbain constitue le mode le moins cher pour les logements collectifs. Enfin, la suppression de la chaufferie en pied d'immeuble libère des mètres carrés précieux.

Depuis 2022, plus de 500 réseaux sont classés, ce qui implique une obligation de raccordement pour les bâtiments neufs situés dans leur périmètre de développement prioritaire. Une contrainte qui se transforme souvent en opportunité économique et environnementale.

Les solutions hybrides : le compromis intelligent

Entre le tout électrique et le tout fossile, une troisième voie s'est imposée : les solutions hybrides. Ces systèmes associent une pompe à chaleur de puissance modérée (généralement 6 à 8 kW) à une chaudière gaz à très haute performance énergétique (15 à 30 kW). Une régulation intelligente choisit en temps réel l'équipement le plus efficient selon la température extérieure et les prix de l'énergie.

Pourquoi l'hybridation séduit les maîtres d'ouvrage ?

La PAC hybride collective répond à plusieurs enjeux techniques propres aux immeubles. Elle limite l'appel de puissance électrique en période de pointe hivernale, évitant le renforcement coûteux du raccordement réseau. Elle réduit l'encombrement en toiture grâce à des unités extérieures plus compactes. Elle offre une sécurité en cas de panne, la chaudière prenant le relais si la PAC est indisponible. Et elle s'adapte aux radiateurs existants lors de réhabilitations, grâce à sa capacité à produire de l'eau chaude à haute température.

En juin 2024, la première résidence collective neuve équipée d'une chaufferie hybride a été inaugurée à Miramas (Bouches-du-Rhône). Ce projet pilote de 88 logements associe deux PAC électriques et deux chaudières gaz haute performance. Selon GRDF, les émissions de CO₂ seront réduites de 578 tonnes sur la durée de vie du bâtiment par rapport à la solution initialement prévue.

Pour les projets visant les seuils 2025 de la re2020, les solutions hybrides représentent un compromis économiquement pertinent, particulièrement au-delà de 20 logements où les économies d'échelle deviennent significatives.

L'eau chaude sanitaire thermodynamique : un incontournable

Quel que soit le système de chauffage retenu, la production d'eau chaude sanitaire (ECS) doit elle aussi se décarboner. Le chauffe-eau thermodynamique s'impose comme la solution de référence en re2020. Ce ballon associe un réservoir d'eau à une petite pompe à chaleur intégrée, capable de produire l'ECS avec un coefficient de performance supérieur à 3,5.

En collectif, deux approches coexistent. Les chauffe-eaux thermodynamiques individuels équipent chaque logement, offrant une facturation simplifiée mais nécessitant de l'espace dans chaque appartement. À l'inverse, la production collective centralise l'équipement en chaufferie, avec distribution par boucle de circulation vers les logements.

Installation de chauffe-eau thermodynamique en immeuble collectif

Le chauffe-eau thermodynamique réduit de 70 % la consommation liée à l'eau chaude

Le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) recommande de coupler les chauffe-eaux thermodynamiques à la ventilation mécanique contrôlée lorsque c'est techniquement possible. Le système récupère alors les calories de l'air vicié extrait des logements, améliorant encore son rendement. Une synergie élégante entre ventilation et production d'ECS.

Critères de choix selon votre projet

Comment arbitrer entre ces différentes solutions ? Plusieurs paramètres entrent en jeu, que les bureaux d'études thermiques comme Etude-bet analysent pour chaque projet.

La taille de l'opération influence fortement le choix. Pour les petits collectifs (moins de 20 logements), les PAC individuelles ou les chauffe-eaux thermodynamiques par appartement peuvent se révéler plus économiques. Au-delà, les solutions collectives bénéficient d'économies d'échelle significatives. Le site Cegibat de GRDF propose des études comparatives détaillées selon les configurations.

La localisation conditionne l'accès aux réseaux de chaleur. La plateforme France Chaleur Urbaine permet de vérifier en quelques clics si un réseau passe à proximité de votre terrain. En zone urbaine dense, cette option mérite systématiquement d'être étudiée.

Le niveau d'exigence visé joue également. Un promoteur anticipant les seuils 2028 ou 2031 de la re2020 privilégiera d'emblée les solutions les plus décarbonées, quitte à un surinvestissement initial. Les labels comme Effinergie ou BBCA imposent des exigences encore plus strictes que la réglementation.

Exemples concrets de projets réussis

Résidence Les Jardins d'Éole, Paris 18e : cet immeuble de 120 logements sociaux a opté pour une PAC géothermique collective, alimentée par six sondes verticales de 200 mètres de profondeur. Résultat : une consommation de chauffage inférieure de 60 % aux exigences re2020 et une étiquette DPE en classe A. Le bailleur social Paris Habitat a confirmé des charges de chauffage divisées par trois par rapport à ses opérations gaz équivalentes.

Écoquartier Les Vergers, Meyrin (Suisse frontalière) : ce programme de 300 logements est raccordé au réseau de chaleur alimenté par la géothermie profonde du bassin genevois. Le contenu carbone de la chaleur livrée atteint seulement 20 g CO₂/kWh, bien en deçà des seuils re2020. Un modèle inspirant pour les projets français situés à proximité de réseaux performants.

Résidence Miramas Verte, Bouches-du-Rhône : première opération française de logement collectif neuf équipée d'une chaufferie hybride gaz/PAC. Les 88 logements bénéficient d'un chauffage optimisé en temps réel selon les conditions climatiques. Le bailleur s'est engagé à souscrire 25 % de gaz vert dès 2026, améliorant encore le bilan carbone de l'installation.

Conclusion : les points clés à retenir

La re2020 a définitivement tourné la page du chauffage gaz exclusif en logement collectif neuf. Depuis 2025, seules les solutions décarbonées ou hybridées permettent de respecter les seuils réglementaires. Cette contrainte se transforme en opportunité : les technologies disponibles garantissent à la fois performance environnementale, confort des occupants et maîtrise des charges.

Les 5 points essentiels

  • La pompe à chaleur collective (air-eau ou géothermique) s'impose comme la solution de référence pour la majorité des immeubles neufs
  • Les réseaux de chaleur urbains offrent une alternative performante dans les zones desservies, avec des tarifs compétitifs et stables
  • Les solutions hybrides PAC + chaudière gaz constituent un compromis pertinent, notamment pour les grandes opérations
  • Le chauffe-eau thermodynamique devient incontournable pour la production d'eau chaude sanitaire décarbonée
  • L'accompagnement par un bureau d'études thermiques qualifié reste indispensable pour optimiser les choix techniques

Vous portez un projet de construction collective et souhaitez anticiper sereinement les exigences de la re2020 ? Les équipes d'Etude-bet accompagnent promoteurs, bailleurs et architectes dans le dimensionnement et l'optimisation des systèmes de chauffage. N'hésitez pas à nous solliciter pour une étude thermique re2020 adaptée à votre projet.

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