Qu'est-ce que la re2020 ?

Section questions réponses :

Q : Quelle est la principale différence entre la rt2012 et la re2020 ?

R : La différence fondamentale réside dans l'approche : la rt2012 se concentrait uniquement sur la performance énergétique du bâtiment en exploitation, tandis que la re2020 adopte une vision environnementale globale. Elle intègre désormais l'impact carbone sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, de la production des matériaux jusqu'à la fin de vie. Concrètement, cela se traduit par l'introduction de nouveaux indicateurs carbone (icénergie et icconstruction) qui viennent compléter les indicateurs énergétiques. La re2020 impose également des exigences renforcées sur le confort d'été pour anticiper le changement climatique. Cette évolution transforme profondément les pratiques constructives en favorisant les matériaux biosourcés et les systèmes énergétiques décarbonés, là où la rt2012 se contentait d'optimiser les consommations énergétiques.

Q : Quels sont les cinq indicateurs principaux de la re2020 ?

R : La re2020 s'appuie sur cinq indicateurs complémentaires pour évaluer la performance des bâtiments. Le bbio (besoin bioclimatique) mesure l'efficacité de la conception passive du bâtiment, indépendamment des systèmes énergétiques. Le cep (consommation d'énergie primaire) quantifie les consommations totales d'énergie, tandis que le cepnr (consommation d'énergie primaire non renouvelable) se concentre spécifiquement sur les énergies fossiles. Le DH (degrés-heures) évalue le confort d'été et les risques de surchauffe. Enfin, deux indicateurs carbone innovants complètent le dispositif : l'icénergie mesure l'impact carbone lié aux consommations énergétiques sur 50 ans, et l'icconstruction quantifie les émissions de gaz à effet de serre des matériaux et équipements sur leur cycle de vie complet. Ces cinq indicateurs travaillent ensemble pour garantir des bâtiments performants énergétiquement et respectueux de l'environnement.

Q : À partir de quelle date mon projet de construction doit-il respecter la re2020 ?

R : L'application de la re2020 suit un calendrier progressif selon le type de bâtiment. Depuis janvier 2022, tous les projets de maisons individuelles et de logements collectifs doivent obligatoirement respecter cette réglementation. Pour les bâtiments tertiaires, la mise en application s'est faite en juillet 2022 pour les bureaux et les établissements d'enseignement primaire et secondaire, puis en janvier 2023 pour les autres bâtiments tertiaires comme les commerces et les hôtels. La re2020 s'applique aux constructions neuves de plus de 50 m² de surface de plancher, ainsi qu'à certaines extensions importantes dépassant 30 m² ou représentant plus de 30% de la surface existante. Si votre permis de construire a été déposé après ces dates selon votre type de projet, vous êtes concerné par la re2020 et devez fournir une attestation pcmi14 conforme aux nouvelles exigences.

Q : Pourquoi le chauffage au gaz naturel devient-il incompatible avec la re2020 ?

R : Le gaz naturel est progressivement exclu des solutions de chauffage en raison de l'indicateur icénergie qui limite drastiquement les émissions de carbone liées à l'énergie. Pour les maisons individuelles, le seuil icénergie passe de 4 kg CO2eq/m²/an en 2022 à 0 kg CO2eq/m²/an en 2028, rendant impossible l'utilisation du gaz naturel qui émet environ 227 g de CO2 par kWh. Dès 2025, avec le durcissement des seuils intermédiaires, le gaz devient très difficile à intégrer dans les projets neufs. Cette évolution répond à l'objectif de décarbonation du secteur du bâtiment et pousse les concepteurs vers des solutions alternatives : pompes à chaleur électriques, chauffage au bois, réseaux de chaleur renouvelables ou solaire thermique. Ces systèmes décarbonés permettent de respecter les exigences carbone tout en maintenant un excellent niveau de confort thermique et des performances énergétiques optimales.

Q : Quels matériaux dois-je privilégier pour respecter l'indicateur icconstruction de la re2020 ?

R : Pour optimiser votre icconstruction, privilégiez les matériaux biosourcés qui présentent un faible impact carbone et stockent du CO2 : ossature bois, isolation en ouate de cellulose, chanvre, fibre de bois ou laine de bois. Ces matériaux peuvent réduire l'icconstruction de 30 à 40% par rapport à une construction traditionnelle en béton et polystyrène. Pour la structure, le bois massif ou l'ossature bois sont à favoriser face au béton armé. Si le béton est nécessaire, optez pour des bétons bas carbone intégrant des liants alternatifs ou des granulats recyclés. Pour l'isolation, évitez les isolants pétrochimiques (polystyrène, polyuréthane) au profit des isolants naturels. Les menuiseries en bois ou en aluminium recyclé sont préférables au PVC. Pensez également à l'économie circulaire en intégrant des matériaux de réemploi lorsque c'est possible. Tous ces choix doivent être documentés avec des FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) disponibles sur la base INIES pour permettre le calcul précis de l'icconstruction dans votre étude thermique.

Q : Quel est le surcoût moyen d'une construction conforme à la re2020 par rapport à la rt2012 ?

R : Le surcoût d'investissement d'une construction re2020 est estimé entre 5% et 15% du coût total de construction selon la configuration du projet et les choix techniques. Ce surcoût se répartit principalement sur quatre postes : les systèmes énergétiques décarbonés représentent environ 40% du surcoût avec l'installation de pompes à chaleur performantes, l'isolation renforcée compte pour 25% avec des épaisseurs et des performances accrues, les matériaux biosourcés pèsent pour 20% en raison du développement encore en cours de certaines filières, et les études techniques spécialisées représentent 15% du surcoût. Cependant, ces investissements supplémentaires sont compensés sur le long terme par des économies d'exploitation significatives : un bâtiment re2020 peut réduire ses charges énergétiques de 30 à 50% par rapport à un bâtiment rt2012, soit 500 à 800 euros d'économies annuelles pour une maison de 120 m². À cela s'ajoute une meilleure valorisation patrimoniale et un confort optimisé pour les occupants.

Q : Comment les exigences de la re2020 vont-elles évoluer jusqu'en 2030 ?

R : La re2020 prévoit un durcissement progressif de ses exigences en trois phases pour accompagner la montée en compétence de la filière. La phase 1 (2022-2024) correspond à une période d'appropriation avec des seuils d'introduction relativement accessibles permettant la transition des pratiques. La phase 2 (2025-2027) verra un renforcement significatif des seuils carbone, notamment sur l'icénergie qui rendra quasi impossible l'usage du gaz naturel. Les exigences sur l'icconstruction se durciront également pour encourager massivement l'usage de matériaux biosourcés. La phase 3 (2028-2030) visera des objectifs très ambitieux avec un seuil icénergie à zéro pour les maisons individuelles et des contraintes carbone construction très strictes. Au-delà de 2030, l'objectif est d'atteindre le standard du bâtiment à énergie positive (BEPOS) qui produit plus d'énergie qu'il n'en consomme. Ces évolutions planifiées permettent aux professionnels d'anticiper et d'adapter progressivement leurs pratiques tout en stimulant l'innovation technologique dans le secteur.