Que signifie ic construction dans la re2020 ?
Réponse immédiate
L'ic construction signifie Impact carbone Construction. C'est un nouvel indicateur re2020 qui évalue les émissions de gaz à effet de serre des matériaux, équipements et chantier sur 50 ans. Exprimé en kg éq CO2/m², il vise à réduire l'empreinte carbone des bâtiments neufs de 35% d'ici 2031. Cette révolution re2020 favorise les matériaux biosourcés, recyclés et bas carbone pour lutter contre le changement climatique.
Introduction : définition de l'ic construction
L'ic construction (Impact carbone Construction) constitue l'une des innovations majeures de la réglementation environnementale 2020 dans la lutte contre le changement climatique. Cet indicateur révolutionnaire, exprimé en kg équivalent CO2 par mètre carré, quantifie précisément l'empreinte carbone des composants d'un bâtiment depuis l'extraction des matières premières jusqu'à leur fin de vie. Basé sur l'analyse de cycle de vie (acv), l'ic construction comptabilise les émissions de tous les matériaux de construction, équipements techniques et activités de chantier sur une période de référence de 50 ans. Cette approche globale transforme radicalement la conception des bâtiments en plaçant l'impact environnemental au cœur des choix constructifs, marquant une rupture avec les anciennes pratiques rt2012 centrées uniquement sur la performance énergétique.
Développement principal : comprendre l'analyse de cycle de vie
Périmètre complet de l'évaluation carbone
L'ic construction englobe l'intégralité du cycle de vie des composants du bâtiment selon une méthodologie rigoureuse d'acv. Cette évaluation débute par l'extraction des matières premières (carrières, forêts, mines), se poursuit par la fabrication industrielle des produits, leur transport vers le chantier, leur mise en œuvre, leur utilisation pendant 50 ans, leur maintenance et remplacements, puis leur démolition et traitement en fin de vie. Chaque étape génère des émissions de gaz à effet de serre soigneusement comptabilisées grâce aux fiches de déclaration environnementale (fdes) et profils environnementaux produits (pep) disponibles dans la base inies.
L'originalité de la méthode re2020 réside dans son approche "acv dynamique" qui pondère les émissions selon leur moment d'occurrence. Les émissions actuelles (année 1) sont comptabilisées à 100%, tandis que celles survenant en fin de période (année 50) ne comptent que pour 57%. Cette vision prospective valorise les matériaux dont l'impact carbone se situe en fin de vie plutôt qu'en phase de production.
Données environnementales de référence
Le calcul de l'ic construction s'appuie exclusivement sur les données officielles de la base inies, plateforme nationale de référence hébergeant toutes les fdes et pep validés. Ces documents techniques, établis sous la responsabilité des fabricants selon la norme européenne nf en 15804, garantissent la fiabilité et la comparabilité des données. En l'absence de fdes spécifique, des valeurs par défaut très pénalisantes s'appliquent, incitant fortement les industriels à documenter leurs produits.
Explication technique : calcul et seuils réglementaires
Méthode de calcul détaillée
L'ic construction résulte d'un calcul complexe mobilisant les quantités précises de chaque composant du bâtiment (métré, volume, surface) multipliées par leur impact carbone unitaire issu des fdes. Cette simulation thermique et environnementale intègre également les consommations de chantier (énergie, eau, carburants), l'évacuation des déchets de terrassement et les équipements temporaires. Les logiciels spécialisés automatisent ces calculs en croisant les bases de données métier avec les référentiels environnementaux.
La formule réglementaire de l'ic construction inclut des modulations selon le contexte : géographie, surface du bâtiment, présence de combles aménagés, d'infrastructures ou de panneaux photovoltaïques. Ces coefficients permettent d'adapter les exigences aux spécificités locales tout en maintenant l'ambition environnementale globale.
Évolution progressive des seuils
La re2020 instaure un renforcement graduel des exigences pour accompagner la montée en compétence des filières. Le premier palier (2022-2024) maintient des seuils atteignables avec les modes constructifs actuels, permettant une phase d'appropriation. Les paliers suivants (2025-2027 puis 2028-2031) durcissent progressivement les exigences pour atteindre une réduction de 35% de l'empreinte carbone en 2031 par rapport au niveau de référence initial.
Cas d'application et stratégies d'optimisation
Cas 1 : Maison individuelle traditionnelle
Une maison de 120 m² construite en béton-parpaings avec isolation polystyrène présente généralement un ic construction de 350 à 450 kg éq CO2/m². Les postes les plus impactants sont la structure béton (40-50%), l'isolation synthétique (15-20%) et la couverture-charpente (10-15%). Le respect des seuils 2025 nécessite une optimisation ciblée sur ces éléments prioritaires.
Cas 2 : Logement collectif bas carbone
Un immeuble de 60 logements en structure bois-béton avec isolation biosourcée atteint typiquement 250 à 320 kg éq CO2/m². Cette performance s'obtient par la combinaison structure mixte optimisée, isolants végétaux, récupération d'eaux pluviales et espaces verts développés. L'ic construction devient un véritable outil de différenciation qualitative.
Leviers d'optimisation prioritaires
Plusieurs stratégies permettent de réduire efficacement l'ic construction. L'utilisation de matériaux biosourcés (bois, paille, chanvre, ouate de cellulose) offre des gains substantiels grâce à leur capacité de stockage carbone. Le recours aux matériaux recyclés ou de réemploi bénéficie d'un impact nul selon la re2020. La conception bioclimatique réduit les besoins en équipements techniques lourds. Enfin, la durabilité accrue des composants limite les besoins de remplacement sur 50 ans.
Impact sur les filières industrielles
Transformation des modes de production
L'ic construction catalyse une révolution industrielle majeure dans le secteur de la construction. Les fabricants de béton développent des ciments bas carbone intégrant des additions pouzzolaniques (laitier, cendres volantes) ou des liants alternatifs. L'industrie de l'isolation investit massivement dans les fibres végétales et le recyclage des matériaux. Les producteurs d'acier optimisent leurs procédés de décarbonation par hydrogène vert.
Cette dynamique d'innovation s'accompagne d'une course à la certification environnementale. Les entreprises multiplient les fdes individuelles pour valoriser leurs efforts d'éco-conception. Les labels et certifications environnementales deviennent des arguments commerciaux déterminants sur un marché de plus en plus sensibilisé aux enjeux climatiques.
Économie circulaire et réemploi
L'ic construction propulse l'économie circulaire au premier plan des préoccupations. Les plateformes de réemploi se multiplient pour valoriser les matériaux de déconstruction (poutres, carrelages, menuiseries). Les fabricants conçoivent des produits "démontables" facilitant la réutilisation future. Les entreprises de démolition évoluent vers des spécialistes du désamiantage sélectif et de la valorisation matière.
Cette transformation économique génère de nouveaux métiers et compétences. L'expertise en acv devient indispensable aux bureaux d'études, tandis que les architectes intègrent l'impact carbone dès l'esquisse. Les économistes de la construction développent des outils de chiffrage intégrant les coûts environnementaux sur le cycle de vie complet.
Outils et méthodes de calcul
Logiciels de simulation acv
Le calcul de l'ic construction nécessite des outils informatiques spécialisés interfacés avec la base inies. Les logiciels leaders (bim&co, lesosai, climaxion) automatisent l'extraction des quantités depuis les maquettes numériques bim et génèrent automatiquement les bilans carbone. Ces plateformes intègrent les dernières évolutions réglementaires et simplifient les mises à jour obligatoires en cours de projet.
L'interopérabilité entre logiciels de conception et d'acv devient cruciale pour fluidifier les processus. Les formats d'échange standardisés (ifc, xml) permettent de transférer automatiquement les données géométriques et matériaux vers les moteurs de calcul environnemental. Cette automatisation réduit les risques d'erreurs et accélère les itérations de conception.
Processus de vérification et validation
La re2020 impose un double calcul de l'ic construction : une évaluation prévisionnelle au permis de construire puis une vérification conformité à la livraison avec les matériaux réellement mis en œuvre. Cette traçabilité garantit la sincérité des déclarations et responsabilise tous les acteurs. Les attestations réglementaires intègrent désormais les volets carbone aux côtés des performances énergétiques traditionnelles.
Le contrôle qualité s'appuie sur des audits documentaires vérifiant la cohérence entre les déclarations et les livraisons effectives. Les écarts significatifs peuvent entraîner des non-conformités réglementaires avec obligation de mise en conformité. Cette exigence de transparence élève globalement le niveau de rigueur de la filière construction.
Perspectives d'évolution et enjeux futurs
Vers une généralisation européenne
L'ic construction française préfigure l'évolution réglementaire européenne vers des exigences carbone harmonisées. La future directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (dpeb) intégrera progressivement des seuils d'émissions pour tous les États membres. Cette convergence internationale renforce la compétitivité des filières françaises déjà mobilisées sur ces enjeux.
L'exportation du savoir-faire français en matière d'acv bâtiment ouvre des opportunités commerciales importantes. Les bureaux d'études et éditeurs de logiciels développent des versions internationales de leurs outils adaptées aux contextes locaux. Cette dynamique positionne la France en leader technique de la construction bas carbone.
Intelligence artificielle et optimisation
L'avenir de l'ic construction s'enrichit d'outils d'intelligence artificielle capables d'optimiser automatiquement les choix matériaux selon les contraintes carbone. Les algorithmes génératifs explorent des milliers de variantes constructives pour identifier les solutions optimales coût/carbone/performance. Cette assistance à la conception démocratise l'accès à des études spécialisées performantes pour tous les projets.
La blockchain trouve également des applications pour tracer l'origine et l'impact carbone des matériaux tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Ces technologies émergentes renforcent la confiance dans les déclarations environnementales et ouvrent la voie à des marchés carbone sectoriels.
Points clés à retenir
Définition : L'ic construction évalue l'impact carbone complet des matériaux, équipements et chantier d'un bâtiment sur 50 ans via une analyse de cycle de vie (acv) exprimée en kg éq CO2/m².
Objectif réglementaire : Réduire l'empreinte carbone des bâtiments neufs de 35% d'ici 2031 par paliers progressifs pour accompagner la mutation des filières industrielles vers le bas carbone.
Méthode acv dynamique : Pondération des émissions selon leur moment d'occurrence (100% en année 1, 57% en année 50) favorisant les matériaux à impact différé dans le temps.
Leviers d'optimisation : Matériaux biosourcés, recyclés ou réemployés, conception bioclimatique, durabilité accrue des composants et innovation industrielle bas carbone.
Transformation sectorielle : Catalyse l'innovation industrielle, développe l'économie circulaire, crée de nouveaux métiers et positionne la France en leader de la construction durable.
Optimisez l'ic construction de votre projet
Notre expertise en analyse de cycle de vie vous accompagne dans l'optimisation carbone de votre bâtiment. Nous réalisons l'acv complète, identifions les leviers d'amélioration et vous guidons vers les solutions les plus efficaces pour respecter les seuils re2020.
Demander une étude acvSection questions réponses :
Q : Quelle est la différence entre ic construction et ic énergie ?
R : L'ic construction évalue l'impact carbone des matériaux, équipements et du chantier sur 50 ans, tandis que l'ic énergie mesure les émissions liées à la consommation énergétique du bâtiment en exploitation (chauffage, climatisation, eau chaude sanitaire, éclairage). L'ic construction représente l'empreinte carbone 'grise' incorporée dans les composants du bâtiment, depuis l'extraction des matières premières jusqu'à leur fin de vie. L'ic énergie correspond aux émissions 'opérationnelles' pendant l'utilisation du bâtiment. Ces deux indicateurs sont complémentaires dans la re2020 : un bâtiment performant doit optimiser à la fois son impact carbone à la construction et ses consommations énergétiques durant son exploitation.
Q : Qu'est-ce que l'acv dynamique utilisée pour l'ic construction ?
R : L'acv dynamique est une méthode innovante de la re2020 qui pondère les émissions de gaz à effet de serre selon leur moment d'occurrence dans le temps. Contrairement à une acv classique qui additionne simplement toutes les émissions, l'acv dynamique applique un coefficient de pondération décroissant : les émissions émises dès l'année 1 comptent à 100%, tandis que celles survenant en année 50 ne sont comptabilisées qu'à 57%. Cette approche prospective favorise les matériaux dont l'impact carbone principal se situe en fin de vie plutôt qu'en phase de production. Elle valorise ainsi les matériaux biosourcés qui stockent du carbone pendant leur utilisation et ne le rejettent qu'à leur destruction, contrairement aux matériaux conventionnels qui émettent massivement lors de leur fabrication.
Q : Quels sont les seuils ic construction à respecter en 2025 ?
R : Les seuils ic construction évoluent progressivement selon un calendrier en trois paliers. Le premier palier (2022-2024) a permis une phase d'appropriation avec des seuils atteignables par les modes constructifs traditionnels. Le deuxième palier (2025-2027) durcit les exigences avec une réduction progressive visant à éliminer les solutions les plus carbonées. Les seuils varient selon la typologie du bâtiment : pour une maison individuelle, le seuil maximal ic construction est modulé selon la surface habitable, la présence de combles aménagés et la zone géographique. Pour un logement collectif, les exigences sont également adaptées à la configuration du projet (nombre de niveaux, présence de parkings souterrains, équipements communs). Le troisième palier (2028-2031) vise une réduction globale de 35% par rapport au niveau de référence initial, imposant une véritable rupture technologique dans les pratiques constructives.
Q : Comment les matériaux biosourcés réduisent-ils l'ic construction ?
R : Les matériaux biosourcés réduisent l'ic construction par leur capacité unique de stockage carbone et leur faible énergie de production. Durant leur croissance, les plantes (bois, chanvre, paille, lin) captent le co2 atmosphérique par photosynthèse et le stockent sous forme de carbone organique. Ce carbone reste séquestré pendant toute la durée d'utilisation du matériau dans le bâtiment, soit 50 ans minimum. Leur transformation en produits de construction nécessite peu d'énergie comparée aux matériaux conventionnels : pas de cuisson à haute température comme pour le béton ou l'acier. Dans le calcul de l'acv, le bilan carbone des matériaux biosourcés peut même devenir négatif lorsque le stockage compense les émissions de transformation et transport. L'isolation en fibre de bois, la structure en bois massif, ou les enduits en terre-chanvre permettent ainsi de gagner de nombreux kg éq co2/m² sur l'ic construction total du projet.
Q : Que se passe-t-il si mon projet dépasse le seuil ic construction ?
R : Un dépassement du seuil ic construction entraîne la non-conformité réglementaire du projet et empêche l'obtention de l'attestation re2020 nécessaire au permis de construire. Le maître d'ouvrage doit alors retravailler sa conception pour réduire l'impact carbone en modifiant les choix de matériaux, d'équipements ou de systèmes constructifs. Cette optimisation peut passer par le remplacement d'isolants synthétiques par des isolants biosourcés, l'allègement de la structure béton, l'utilisation de ciments bas carbone, ou la réduction des équipements techniques surdimensionnés. Le bureau d'études re2020 réalise de nouvelles simulations acv jusqu'à atteindre la conformité. Il est crucial d'intégrer cette contrainte dès la phase d'esquisse architecturale plutôt qu'en fin de conception, car les modifications tardives sont coûteuses et peuvent remettre en cause des choix architecturaux majeurs. Une fois le projet conforme, une attestation prévisionnelle est délivrée, puis une attestation finale vérifie la conformité avec les matériaux réellement mis en œuvre.
Q : Où trouver les données fdes pour calculer l'ic construction ?
R : Les fiches de déclaration environnementale et sanitaire (fdes) et profils environnementaux produits (pep) sont exclusivement disponibles sur la base inies (www.inies.fr), la plateforme nationale de référence française. Cette base de données gratuite et accessible à tous recense plusieurs milliers de fdes couvrant l'ensemble des produits de construction et équipements techniques. Chaque fiche est établie par le fabricant selon la norme européenne nf en 15804 et validée par un organisme tierce partie indépendant, garantissant leur fiabilité. Pour trouver une fdes, il suffit d'utiliser le moteur de recherche inies en saisissant la référence produit, le type de matériau ou le fabricant. Si aucune fdes spécifique n'existe pour un produit, la re2020 impose d'utiliser des valeurs par défaut très pénalisantes pour inciter les industriels à documenter leurs produits. Les logiciels de calcul acv sont directement interfacés avec la base inies pour automatiser l'import des données environnementales dans les simulations.
Q : Faut-il refaire le calcul ic construction entre le permis de construire et la livraison ?
R : Oui, la re2020 impose obligatoirement deux calculs distincts de l'ic construction à des étapes clés du projet. Le premier calcul prévisionnel est réalisé au stade du permis de construire avec les matériaux et équipements prescrits dans les plans. Il génère une attestation pcmi14-1 qui engage le maître d'ouvrage sur les performances annoncées. Le second calcul de conformité intervient à l'achèvement des travaux avec les produits réellement installés sur le chantier, documentés par les bons de livraison et factures. Cette attestation pcmi14-2 vérifie que les performances réelles respectent les engagements initiaux et les seuils réglementaires. Des écarts modérés sont tolérés, mais des différences importantes (substitution de matériaux biosourcés par des produits conventionnels par exemple) peuvent entraîner une non-conformité nécessitant des travaux correctifs. Cette double vérification garantit la sincérité des déclarations environnementales et responsabilise tous les acteurs du projet, du concepteur à l'entreprise de construction.