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Confort d'été et indicateur DH : anticiper les canicules

Publié le 28/11/2025 | Temps de lecture : 8 min
Confort d'été et indicateur DH : anticiper les canicules

Le confort d'été devient un enjeu majeur de la conception des bâtiments avec la re2020

L'essentiel à retenir

La re2020 révolutionne la prise en compte du confort d'été dans les constructions neuves. L'indicateur DH (degrés-heures) remplace l'ancienne température intérieure conventionnelle (Tic) et permet d'évaluer plus fidèlement l'inconfort ressenti par les occupants lors des périodes de forte chaleur. Un seuil de 350 DH garantit un logement confortable sans climatisation.

Claire Montrevault Par Claire Montrevault
Experte en réglementation thermique et environnementale

Introduction : pourquoi le confort d'été devient prioritaire

La canicule d'août 2003 reste gravée dans les mémoires comme un traumatisme national. Selon l'Inserm, cet épisode a causé près de 19 500 décès en France, principalement parmi les personnes âgées vivant dans des logements mal adaptés à la chaleur. Les températures nocturnes exceptionnellement élevées, notamment en région parisienne où elles ont dépassé 25°C pendant plusieurs nuits consécutives, ont empêché les organismes de récupérer.

Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes, plus intenses et plus longues. Santé Publique France estime qu'un logement sur trois en France est aujourd'hui considéré comme une "bouilloire thermique". Face à ce constat, la re2020 place le confort d'été au cœur de ses exigences, aux côtés de la performance énergétique et de l'empreinte carbone.

Cet article vous explique comment fonctionne le nouvel indicateur DH, quels sont les seuils à respecter et quelles solutions mettre en œuvre pour concevoir des logements résilients face aux canicules.

Sommaire

L'indicateur DH : une révolution dans l'évaluation du confort

Avec la rt2012, le confort d'été était évalué par la Tic (température intérieure conventionnelle). Les retours d'expérience ont montré que cet indicateur ne reflétait pas correctement l'inconfort réellement perçu par les occupants. La re2020 introduit donc un nouvel indicateur bien plus pertinent : les degrés-heures d'inconfort (DH).

Comment fonctionne le calcul du DH

L'indicateur DH mesure la somme, sur une année complète, des écarts de température au-dessus d'un seuil de confort, pondérée par le nombre d'heures concernées. La re2020 définit deux seuils de température à ne pas dépasser :

  • La nuit : le seuil est fixé à 26°C, sans modulation
  • Le jour : un seuil adaptatif compris entre 26°C et 28°C

Cette approche adaptative tient compte de la capacité du corps humain à s'habituer à la chaleur après plusieurs jours chauds. Selon le Cerema, cette méthode s'appuie sur la norme NF EN 16798-1 relative au confort adaptatif et permet d'obtenir un indicateur plus proche de ce qui est effectivement ressenti par les habitants.

Schéma de calcul de l'indicateur DH en re2020

Le DH cumule les écarts de température au-dessus du seuil de confort sur l'année

Les seuils réglementaires : confort, inconfort et non-conformité

La re2020 établit deux seuils distincts qui déterminent la conformité réglementaire du bâtiment :

Le premier seuil, fixé à 350 DH, correspond à environ une semaine d'inconfort sur l'année. En dessous de cette valeur, le bâtiment est considéré comme confortable en été sans nécessité de système de refroidissement. C'est l'objectif à viser pour garantir un logement agréable lors des épisodes caniculaires.

Le second seuil, fixé à 1 250 DH, représente environ 25 jours d'inconfort annuel. Au-delà de cette valeur, le bâtiment est non conforme réglementairement et ne peut pas obtenir son attestation pcmi14. Entre ces deux seuils, le logement reste conforme mais présente un niveau d'inconfort toléré, ce qui impose de prévoir dans l'étude thermique les consommations d'une éventuelle climatisation future.

Point important souligné par la Fédération Française du Bâtiment : l'indicateur DH est calculé sans prendre en compte la climatisation, même si le bâtiment en est équipé. L'objectif est d'inciter à optimiser le confort d'été par des solutions passives dès la conception.

Les solutions passives pour réduire le DH

Pour respecter les exigences de confort d'été, la stratégie de conception doit viser deux objectifs : minimiser les apports de chaleur et favoriser l'évacuation de la chaleur accumulée. Plusieurs leviers sont à disposition des maîtres d'œuvre.

Les protections solaires

Les protections solaires constituent le premier rempart contre la surchauffe estivale. Les brise-soleil orientables (BSO), volets roulants, persiennes provençales ou casquettes architecturales permettent de bloquer efficacement le rayonnement solaire avant qu'il ne pénètre dans le bâtiment. La gestion automatique des volets renforce leur efficacité en ajustant la protection en fonction de l'ensoleillement réel.

Brise-soleil orientables pour le confort d'été

Les brise-soleil orientables bloquent le rayonnement solaire tout en préservant la lumière naturelle

La ventilation naturelle nocturne

La surventilation nocturne permet d'évacuer la chaleur accumulée pendant la journée. Les logements traversants, conçus pour permettre la circulation de l'air d'une façade à l'autre, facilitent ce rafraîchissement passif. En présence de vent, l'efficacité est démultipliée. Pour les studios et appartements non traversants, d'autres solutions comme les brasseurs d'air peuvent compenser cette limitation.

Le puits climatique

Le puits climatique, également appelé puits canadien ou puits provençal, exploite la fraîcheur naturelle du sol. L'air extérieur circule dans des tubes enterrés à une profondeur où la température reste stable (environ 15°C) avant d'être insufflé dans le bâtiment. Cette solution, valorisée dans le calcul réglementaire re2020, peut réduire significativement l'indicateur DH dans les zones climatiques les plus chaudes.

Les brasseurs d'air : une solution efficace et économique

Les brasseurs d'air, ou ventilateurs de plafond professionnels, représentent une alternative pertinente à la climatisation. Contrairement aux climatiseurs qui consomment beaucoup d'énergie et participent aux îlots de chaleur urbains, les brasseurs d'air agissent sur la température ressentie plutôt que sur la température réelle.

Le principe est physique : en créant un mouvement d'air à la surface de la peau, les brasseurs favorisent l'évaporation de la transpiration et procurent une sensation de fraîcheur immédiate. Selon les études menées par l'CSTB, un brasseur d'air correctement dimensionné peut faire baisser la température ressentie de 2 à 4°C, pour une consommation électrique d'environ 40 watts seulement.

La re2020 intègre explicitement les brasseurs d'air dans son moteur de calcul, ce qui permet de les valoriser pour réduire l'indicateur DH. C'est une reconnaissance officielle de leur efficacité, notamment dans les régions méditerranéennes où le confort d'été représente un défi majeur.

Brasseur d'air de plafond pour le confort d'été

Les brasseurs d'air réduisent la température ressentie de 2 à 4°C

Conception bioclimatique et inertie thermique

Au-delà des équipements, la conception même du bâtiment joue un rôle déterminant dans le confort d'été. L'architecture bioclimatique vise à tirer parti de l'environnement naturel pour minimiser les besoins énergétiques.

L'orientation et l'implantation

L'orientation du bâtiment influence directement les apports solaires. Une exposition sud bien maîtrisée avec des protections adaptées permet de bénéficier des apports gratuits en hiver tout en les limitant en été. Les façades ouest, particulièrement exposées au soleil couchant, méritent une attention particulière avec des surfaces vitrées réduites et des protections efficaces.

L'inertie thermique : stocker la fraîcheur

L'inertie thermique désigne la capacité d'un matériau à stocker la chaleur ou la fraîcheur et à la restituer progressivement. Les matériaux lourds comme le béton, la brique pleine ou la pierre accumulent la fraîcheur nocturne et la restituent pendant la journée, limitant ainsi les pics de température intérieure.

Ce mécanisme de déphasage est particulièrement efficace combiné à la ventilation nocturne. Toutefois, l'inertie trouve ses limites lors de vagues de chaleur prolongées : si le bâtiment ne peut pas se décharger suffisamment la nuit, la chaleur s'accumule progressivement.

L'isolation : un équilibre à trouver

Si l'isolation thermique est essentielle pour limiter les déperditions en hiver, son positionnement influence le comportement estival du bâtiment. L'isolation par l'extérieur (ITE) préserve l'inertie des parois intérieures, permettant au bâtiment de mieux réguler sa température. L'isolation par l'intérieur (ITI), majoritaire en France, réduit l'inertie disponible et peut favoriser les surchauffes si elle n'est pas accompagnée de solutions complémentaires.

Exemples concrets et cas pratiques

Cas d'une maison individuelle en zone H2c

Pour une maison de 120 m² située dans le sud de la France, l'étude thermique re2020 initiale affichait un DH de 1 100, au-delà du seuil de confort mais conforme. Les optimisations suivantes ont permis de ramener cet indicateur à 320 DH :

  • Remplacement des volets battants par des BSO automatisés sur les façades sud et ouest
  • Installation de brasseurs d'air dans les chambres et le séjour
  • Augmentation de l'inertie par des cloisons en briques pleines au lieu du placo standard
  • Création de deux ouvertures supplémentaires pour favoriser la ventilation traversante

Cas d'un immeuble collectif en zone H1a

Dans une zone climatique plus tempérée, les enjeux sont différents. Pour un immeuble R+4 de 24 logements en région parisienne, le DH calculé était de 890. Les solutions mises en œuvre comprenaient des casquettes architecturales fixes, un puits climatique collectif et des brasseurs d'air dans chaque logement, permettant d'atteindre un DH de 280.

Conception bioclimatique pour le confort d'été

La conception bioclimatique combine orientation, protections solaires et inertie thermique

Conclusion : anticiper pour mieux vivre les étés à venir

La prise en compte du confort d'été par la re2020 marque un tournant majeur dans la conception des bâtiments en France. L'indicateur DH, plus réaliste que l'ancienne Tic, permet d'évaluer véritablement la qualité de vie des occupants lors des périodes caniculaires.

Les solutions pour atteindre les seuils réglementaires sont multiples et souvent complémentaires : protections solaires, inertie thermique, ventilation naturelle, brasseurs d'air ou puits climatiques. Le choix de la stratégie dépend de la zone climatique, du type de bâtiment et du budget disponible.

L'enjeu dépasse la simple conformité réglementaire. Avec le réchauffement climatique, les logements construits aujourd'hui devront rester confortables pendant plusieurs décennies, face à des étés de plus en plus chauds. Investir dans le confort d'été dès la conception, c'est préparer un habitat résilient et valorisable sur le long terme.

Points clés à retenir
  • L'indicateur DH mesure le cumul annuel des écarts de température au-dessus du seuil de confort (26-28°C le jour, 26°C la nuit)
  • Un DH inférieur à 350 garantit un logement confortable sans climatisation
  • Au-delà de 1 250 DH, le bâtiment est non conforme à la re2020
  • Les solutions passives (protections solaires, inertie, ventilation) sont privilégiées sur la climatisation
  • Les brasseurs d'air sont valorisés dans le calcul et réduisent la température ressentie de 2 à 4°C
  • La conception bioclimatique dès l'origine du projet est la clé d'un confort durable

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