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Test d'infiltrométrie re2020 : le guide complet

Publié le 08/12/2025 | Temps de lecture : 8 min
Test d'infiltrométrie re2020 : le guide complet

En bref

Le test d'infiltrométrie est obligatoire pour toute construction neuve soumise à la re2020. Il mesure la perméabilité à l'air de l'enveloppe du bâtiment via une porte soufflante. Le coefficient Q4pa-surf ne doit pas dépasser 0,6 m³/h.m² pour une maison individuelle. Comptez entre 350 et 700 € pour ce contrôle indispensable à l'obtention de votre attestation de fin de chantier.

À propos de l'auteur
Claire Montrevault

Claire Montrevault

Ingénieure thermicienne spécialisée en réglementation environnementale. Claire accompagne les professionnels et particuliers dans leurs projets de construction re2020.

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Introduction : l'étanchéité à l'air au cœur de la re2020

Construire une maison performante énergétiquement ne se limite pas à choisir une bonne isolation ou un système de chauffage efficace. L'étanchéité à l'air de l'enveloppe du bâtiment joue un rôle tout aussi crucial. C'est précisément ce que le test d'infiltrométrie permet de vérifier.

Obligatoire depuis la rt2012 et maintenu par la re2020, ce contrôle technique mesure les fuites d'air parasites qui peuvent compromettre les performances thermiques de votre construction. Une mauvaise étanchéité peut entraîner une surconsommation de chauffage allant jusqu'à 25 %, sans compter les problèmes de confort et d'humidité. Dans ce guide complet, nous vous expliquons tout ce qu'il faut savoir sur ce test incontournable : son fonctionnement, les seuils à respecter, son déroulement et nos conseils pour le réussir du premier coup.

Sommaire

Qu'est-ce que le test d'infiltrométrie ?

Le test d'infiltrométrie, également appelé test d'étanchéité à l'air ou test à la porte soufflante (blower door en anglais), est une méthode de mesure normalisée qui permet de quantifier la perméabilité à l'air de l'enveloppe d'un bâtiment.

Concrètement, un opérateur qualifié installe un dispositif composé d'une toile étanche et d'un ventilateur calibré dans l'encadrement de la porte d'entrée. Ce ventilateur crée une différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment (généralement une dépression de 50 pascals). L'air extérieur s'engouffre alors par toutes les fuites présentes dans l'enveloppe, et le débit mesuré permet de calculer le coefficient de perméabilité.

Le résultat s'exprime par le coefficient Q4pa-surf, qui représente le débit de fuite d'air par mètre carré de surface déperditive (hors plancher bas) sous une pression de 4 pascals. Ce coefficient constitue la valeur de référence pour vérifier la conformité réglementaire.

Installation d'une porte soufflante pour le test d'infiltrométrie

La porte soufflante permet de mettre le bâtiment en dépression pour mesurer les fuites d'air.

Pourquoi l'étanchéité à l'air est-elle importante ?

L'étanchéité à l'air d'un bâtiment répond à plusieurs enjeux essentiels qui justifient pleinement l'exigence réglementaire.

Performance énergétique

Une enveloppe perméable laisse s'échapper l'air chaud en hiver et entrer l'air chaud en été. Selon les études du secteur, une mauvaise étanchéité peut augmenter les besoins en chauffage de 5 à 25 kWh/m²/an, ce qui représente une hausse significative des factures énergétiques. C'est pourquoi l'indicateur Bbio de la re2020 intègre directement la perméabilité à l'air dans ses calculs.

Confort thermique

Les infiltrations d'air parasites créent des courants d'air désagréables, notamment en hiver. Ces sensations de froid localisées obligent souvent les occupants à augmenter le chauffage, aggravant ainsi la surconsommation énergétique. L'indicateur DH (degrés-heures) qui mesure le confort d'été est également impacté par une mauvaise étanchéité.

Qualité de l'air intérieur

Une bonne étanchéité à l'air permet à la ventilation mécanique contrôlée (VMC) de fonctionner correctement. Sans elle, l'air ne suit plus les circuits prévus et le renouvellement d'air devient anarchique, compromettant la qualité de l'air intérieur.

Durabilité du bâtiment

Les infiltrations d'air peuvent véhiculer de l'humidité qui se condense au contact des parois froides. Cette condensation favorise l'apparition de moisissures et peut dégrader les matériaux isolants sur le long terme.

Le saviez-vous ?

Pour une maison passive, l'exigence d'étanchéité est trois fois plus sévère que pour une maison re2020. Le débit de fuite doit être inférieur à 0,2 m³/h.m², soit l'équivalent d'un trou de la taille d'un billet de 5 euros pour toute l'enveloppe du bâtiment !

Les seuils réglementaires en re2020

La re2020 maintient les exigences de perméabilité à l'air déjà établies par la rt2012. Le coefficient Q4pa-surf ne doit pas dépasser les valeurs suivantes :

Tableau des seuils Q4pa-surf en re2020

Seuils réglementaires de perméabilité à l'air selon le type de bâtiment.

Maisons individuelles ou accolées : Q4pa-surf ≤ 0,6 m³/(h.m²)

Logements collectifs : Q4pa-surf ≤ 1,0 m³/(h.m²)

Bureaux et bâtiments d'enseignement : Q4pa-surf ≤ 1,7 m³/(h.m²)

La re2020 introduit également des pénalisations dans certains cas particuliers. Lorsque le test est réalisé par échantillonnage sur un ensemble de maisons (lotissement), un coefficient multiplicateur de 1,2 est appliqué aux mesures. De même, si des travaux pouvant affecter l'étanchéité restent à réaliser après le test (pose de cuisine par exemple), les valeurs mesurées sont majorées de 0,3 m³/(h.m²). Ces deux pénalités sont cumulables.

Comment se déroule le test ?

Le test d'infiltrométrie suit un protocole précis défini par la norme NF EN ISO 9972 et son guide d'application FD P50-784. Voici les différentes étapes :

Préparation du bâtiment

Avant le test, l'opérateur vérifie que le bâtiment est dans un état représentatif de son utilisation normale. Toutes les portes et fenêtres doivent être fermées. Les bouches de ventilation, entrées d'air et gaines VMC sont temporairement obturées avec du ruban adhésif, car seules les fuites non intentionnelles doivent être mesurées.

Installation du matériel

L'opérateur installe la porte soufflante dans l'encadrement de la porte d'entrée. Le dispositif comprend une toile étanche ajustable, un ventilateur calibré et des capteurs de pression reliés à un ordinateur de mesure.

Mesures de pression

Le ventilateur met le bâtiment en dépression (ou surpression) par paliers successifs. À chaque palier de pression, le débit d'air traversant le ventilateur est mesuré. L'ordinateur calcule alors la courbe de débit en fonction de la pression et en déduit le coefficient Q4pa-surf.

Recherche de fuites (optionnel)

Si le résultat dépasse le seuil réglementaire ou si le client le souhaite, l'opérateur peut procéder à une recherche de fuites. Plusieurs techniques sont utilisées : détection à la main, anémomètre à fil chaud, générateur de fumée ou caméra thermique pour les cas complexes.

Durée et conditions

Le test dure généralement entre 2 et 4 heures selon la taille et la complexité du bâtiment. Les conditions météorologiques doivent être favorables : vent faible et écart de température modéré entre l'intérieur et l'extérieur pour garantir la fiabilité des mesures.

Les sources de fuites d'air les plus courantes

La connaissance des points faibles typiques permet d'anticiper les problèmes et de les traiter avant le test. Voici les sources de fuites les plus fréquemment rencontrées :

Schéma des principales sources de fuites d'air dans une maison

Les principales zones de fuites d'air à surveiller lors de la construction.

Menuiseries extérieures

Les fenêtres, portes-fenêtres et portes d'entrée constituent souvent le premier poste de fuites. Les problèmes proviennent soit de la qualité des menuiseries elles-mêmes, soit de leur mise en œuvre (joints d'étanchéité mal posés, mousse expansive incomplète).

Installations électriques

Les prises de courant, interrupteurs et tableaux électriques traversent souvent les parois sans précautions particulières. L'utilisation de boîtiers étanches et de membranes d'étanchéité autour des gaines est essentielle.

Jonctions structurelles

Les liaisons entre murs et planchers, murs et toiture, ou encore les angles sortants présentent des risques importants. Ces zones nécessitent un traitement soigné avec des bandes adhésives ou des mastics adaptés.

Traversées de parois

Toutes les gaines (électriques, plomberie, ventilation) qui traversent l'enveloppe créent autant de points de fuite potentiels. Des manchettes d'étanchéité doivent être systématiquement utilisées.

Trappes et accès

Les trappes d'accès aux combles, les coffres de volets roulants et les passages vers les garages sont souvent négligés. Ces éléments doivent être équipés de joints périphériques efficaces.

Équipements techniques

Certains équipements comme les ballons thermodynamiques ou les poêles à granulés peuvent présenter des défauts d'étanchéité intrinsèques. Il est important de choisir des appareils certifiés et de soigner leur raccordement.

Astuce de professionnel

Les toiles d'araignées sont d'excellents indicateurs de fuites d'air ! Les araignées tissent naturellement leur toile à proximité des courants d'air où passent les insectes. Si vous repérez des toiles récurrentes au même endroit, il y a probablement une fuite à traiter.

Conseils pour réussir votre test

La réussite du test d'infiltrométrie se prépare dès la conception du projet et tout au long du chantier. Voici nos recommandations :

Anticiper dès la conception

L'étude thermique re2020 doit intégrer une réflexion sur l'étanchéité à l'air. Privilégiez des solutions constructives simples avec peu de traversées de parois. Consultez le guide des bonnes pratiques pour optimiser votre conception.

Former et sensibiliser les intervenants

Tous les corps de métier intervenant sur le chantier doivent être sensibilisés à l'importance de l'étanchéité à l'air. Un artisan non informé peut compromettre en quelques minutes le travail soigné de ses prédécesseurs.

Réaliser un test intermédiaire

Bien que non obligatoire, un test intermédiaire réalisé au stade hors d'eau/hors d'air permet de détecter et corriger les fuites avant la pose des finitions. Cette précaution représente un investissement supplémentaire mais évite des reprises coûteuses.

Documenter et contrôler

Photographiez les points sensibles avant leur recouvrement. Vérifiez systématiquement les joints d'étanchéité autour des menuiseries et des traversées de parois.

Que faire en cas d'échec ?

Si le test révèle un dépassement du seuil réglementaire, pas de panique. L'opérateur peut généralement identifier les principales sources de fuites grâce aux techniques de recherche (fumigène, caméra thermique). Les corrections les plus courantes concernent :

Le réajustement des joints de menuiseries, le calfeutrement des passages de gaines électriques, le traitement des jonctions mur/plafond avec du mastic adapté, et la vérification des trappes d'accès aux combles.

Une fois les corrections effectuées par les artisans concernés, un nouveau test est réalisé pour valider la conformité. Ce second passage est généralement facturé à tarif réduit par l'opérateur.

Correction des fuites d'air après un test d'infiltrométrie

Les fuites identifiées peuvent généralement être corrigées sans travaux lourds.

Prix et démarches pratiques

Le coût d'un test d'infiltrométrie varie selon plusieurs facteurs : la surface du bâtiment, sa localisation géographique et les prestations associées (recherche de fuites, rapport détaillé).

Pour une maison individuelle standard, comptez entre 350 et 700 € TTC. Ce tarif inclut généralement le déplacement, la réalisation du test selon la norme en vigueur et la remise du rapport officiel.

Qui peut réaliser le test ?

Le test doit être effectué par un opérateur reconnu compétent par le ministère chargé de la construction. En pratique, l'opérateur doit disposer de la qualification Qualibat 8711 ou équivalent. Cette certification garantit sa formation aux méthodes normalisées et son indépendance vis-à-vis des acteurs du chantier.

Quand réaliser le test ?

Le test réglementaire doit être réalisé en fin de chantier, avant la réception des travaux. Le bâtiment doit être dans son état d'utilisation normal : menuiseries posées, équipements de chauffage et ventilation installés et raccordés.

Documents nécessaires

Pour réaliser le test, l'opérateur aura besoin de l'étude thermique du projet, des plans cotés avec les surfaces habitables et des références cadastrales. Le rapport d'infiltrométrie sera ensuite intégré au dossier de l'attestation de fin de chantier.

Conclusion : un investissement rentable

Le test d'infiltrométrie représente bien plus qu'une simple formalité administrative. C'est la garantie que votre construction neuve atteindra les performances énergétiques prévues par l'étude thermique et qu'elle vous offrira le confort attendu pendant des décennies.

En anticipant les enjeux d'étanchéité à l'air dès la conception et en sensibilisant tous les intervenants du chantier, vous maximisez vos chances de réussir ce test du premier coup. Et même en cas de dépassement du seuil, les corrections restent généralement simples et peu coûteuses lorsque les fuites sont correctement identifiées.

Points clés à retenir

Obligatoire : Le test d'infiltrométrie est obligatoire pour toute construction neuve soumise à la re2020.

Seuil maison individuelle : Q4pa-surf ≤ 0,6 m³/(h.m²)

Opérateur qualifié : Faire appel à un professionnel certifié Qualibat 8711

Budget : Entre 350 et 700 € pour une maison individuelle

Anticipation : Prévoir l'étanchéité dès la conception et tout au long du chantier

Test intermédiaire : Recommandé pour éviter les mauvaises surprises en fin de chantier

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