Les nouveaux seuils carbone 2025 de la re2020
L'essentiel à retenir
Depuis le 1er janvier 2025, la re2020 renforce ses exigences carbone. L'indicateur Ic construction baisse de 17% pour les maisons individuelles (530 kg CO₂/m²) et de 12% pour les logements collectifs (650 kg CO₂/m²). Ces nouveaux seuils imposent un recours accru aux matériaux biosourcés et aux fdes individuelles.
Par Claire Montrevault · Publié le
Les constructions neuves doivent respecter des seuils carbone renforcés depuis janvier 2025
Introduction : une étape majeure pour la construction bas carbone
La réglementation environnementale re2020 poursuit sa montée en exigences avec l'entrée en vigueur des seuils 2025. Cette évolution, prévue dès l'origine de la réglementation, marque une étape décisive dans la transition écologique du secteur du bâtiment. Le décret n° 2024-1258 du 30 décembre 2024 précise ces nouvelles exigences applicables à tous les permis de construire déposés depuis le 1er janvier 2025. Pour les maîtres d'ouvrage, constructeurs et particuliers, comprendre ces nouveaux seuils est essentiel pour anticiper les contraintes et optimiser leurs projets de construction. Cet article détaille les changements concrets et leurs implications pour votre étude thermique re2020.
Les nouveaux seuils Ic construction : une baisse significative
L'indicateur Ic construction mesure l'impact carbone des matériaux et du chantier sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, soit 50 ans. Depuis janvier 2025, les seuils maximaux ont été abaissés pour encourager l'utilisation de matériaux moins émetteurs de gaz à effet de serre.
Pour les maisons individuelles, le seuil Ic construction passe de 640 à 530 kg CO₂ équivalent par m², soit une réduction de 17%. Cette baisse impose aux constructeurs de repenser leurs choix de matériaux. Le béton traditionnel, particulièrement émetteur avec environ 800 kg de CO₂ par tonne de ciment, doit céder la place à des alternatives moins carbonées : béton bas carbone, structures mixtes bois-béton, ou construction tout bois.
Pour les logements collectifs, le seuil passe de 740 à 650 kg CO₂ équivalent par m², soit une réduction de 12%. Bien que moins contraignante en pourcentage, cette évolution reste significative pour des structures souvent plus complexes nécessitant davantage de béton et d'acier.
Les matériaux biosourcés comme le bois permettent de respecter les nouveaux seuils Ic construction
Tableau récapitulatif des seuils Ic construction
Maisons individuelles : 640 kg CO₂/m² (2022-2024) → 530 kg CO₂/m² (2025) → 415 kg CO₂/m² (prévu 2031)
Logements collectifs : 740 kg CO₂/m² (2022-2024) → 650 kg CO₂/m² (2025) → 490 kg CO₂/m² (prévu 2031)
Bureaux : baisse moyenne de 15% par rapport aux seuils 2022
L'indicateur Ic énergie : des changements ciblés
L'indicateur Ic énergie évalue l'impact carbone des consommations d'énergie du bâtiment sur toute sa durée de vie. Les évolutions 2025 sont différenciées selon le type de construction et le mode de chauffage.
Pour les maisons individuelles non raccordées à un réseau de chaleur, le seuil reste stable à 160 kg CO₂ équivalent par m². Cette stabilité s'explique par l'adoption déjà massive des pompes à chaleur et solutions solaires dans ce segment.
La nouveauté 2025 concerne les maisons individuelles raccordées à un réseau de chaleur urbain : un nouveau seuil à 200 kg CO₂/m² leur est désormais applicable, offrant une souplesse supplémentaire pour ces configurations spécifiques.
Le changement le plus spectaculaire concerne les logements collectifs. Pour ceux non raccordés à un réseau de chaleur, le seuil Ic énergie chute de 560 à 260 kg CO₂/m², soit une réduction de plus de 53%. Cette baisse drastique marque la fin des systèmes gaz seuls dans le collectif neuf et impose une transition rapide vers les pompes à chaleur collectives et autres solutions décarbonées.
Les ajustements du décret retex re2020
Le décret n° 2024-1258, également appelé « décret retex » (retour d'expérience), introduit plusieurs modulations pour garantir la soutenabilité de la réglementation. Ces ajustements résultent de deux années d'application et des retours de la filière construction.
Modulation pour les petits collectifs : les bâtiments dont la surface de référence est inférieure à 1300 m² bénéficient d'un allègement de la contrainte sur l'Ic construction, reconnaissant les difficultés spécifiques de ces projets à mutualiser certains équipements.
Prise en compte du photovoltaïque : les installations de production locale d'énergie sont désormais plafonnées à 20 kg CO₂/m² dans l'indicateur Ic lot 13. Si leur impact réel dépasse cette limite, l'excédent est transféré en augmentation du seuil Ic construction maximal, évitant ainsi de pénaliser les projets vertueux.
Ajustements climatiques : les constructions en zones H2d et H3 (climat méditerranéen) jusqu'à 400 m d'altitude bénéficient d'un allègement des exigences Cep,nr, tenant compte des spécificités de confort thermique de ces régions.
Le photovoltaïque bénéficie d'une modulation favorable dans les nouveaux seuils
L'importance cruciale des fdes dans le calcul
Les Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (fdes) deviennent incontournables pour respecter les nouveaux seuils. Ces documents normalisés, basés sur l'analyse du cycle de vie, fournissent les données carbone des matériaux utilisées dans les calculs re2020.
Un changement majeur intervient en 2025 : la suppression de la modulation Mided. Auparavant, les données par défaut (utilisées en l'absence de fdes) bénéficiaient d'une compensation permettant d'augmenter le seuil maximal. Désormais, l'impact carbone des données par défaut est pris en compte à 100%, sans ajustement. Cette évolution pénalise fortement les projets n'utilisant pas de fdes individuelles ou collectives.
La base inies centralise plus de 10 000 fdes vérifiées. Pour les bureaux d'études thermiques comme Etude-bet, le recours systématique à ces fiches devient essentiel pour optimiser les projets et garantir leur conformité.
Pourquoi privilégier les fdes individuelles ?
Les données par défaut appliquent un coefficient de pénalité qui peut fortement dégrader le bilan carbone du projet. En utilisant les fdes réelles des produits, vous bénéficiez de valeurs souvent plus favorables et représentatives de la réalité. Cette approche permet également de valoriser les efforts des fabricants engagés dans la réduction de leur empreinte carbone.
Exemples concrets d'impact sur les projets
Prenons l'exemple d'une maison individuelle de 120 m² dont le permis est déposé en 2025. Avec les anciens seuils, le budget carbone construction était de 76 800 kg CO₂ (640 × 120). Avec les nouveaux seuils, ce budget passe à 63 600 kg CO₂ (530 × 120), soit 13 200 kg CO₂ à économiser.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs leviers sont mobilisables. Le passage d'une structure traditionnelle parpaing-béton à une ossature bois peut économiser 100 à 150 kg CO₂/m². L'utilisation d'isolants biosourcés (ouate de cellulose, fibre de bois) plutôt que synthétiques apporte également un gain significatif. Enfin, le choix de menuiseries bois ou mixtes bois-aluminium plutôt que pvc contribue à réduire l'empreinte globale.
L'ossature bois facilite le respect des seuils carbone 2025
Pour un immeuble collectif de 2000 m², l'enjeu est encore plus important côté énergie. Le passage de 560 à 260 kg CO₂/m² pour l'Ic énergie impose l'abandon total du gaz au profit de systèmes décarbonés. Une pompe à chaleur collective couplée à une production solaire thermique devient la solution de référence.
Le surcoût estimé de ces nouvelles exigences se situe entre 5% et 10% du prix de construction. Cependant, ce surinvestissement initial est compensé par des économies d'énergie sur la durée de vie du bâtiment et une meilleure valorisation patrimoniale à terme.
Conseils pratiques pour les maîtres d'ouvrage
Face à ces nouvelles exigences, plusieurs stratégies permettent d'optimiser votre projet tout en maîtrisant les coûts. La première étape consiste à anticiper l'étude thermique dès la phase esquisse. Plus les contraintes carbone sont intégrées tôt dans la conception, plus les solutions seront efficaces et économiques.
L'architecture bioclimatique devient un levier majeur. Une orientation optimisée, des ouvertures dimensionnées selon les façades et une compacité maîtrisée permettent de réduire les besoins énergétiques sans surcoût matériel. Ces choix architecturaux influencent directement le Bbio et facilitent le respect des indicateurs carbone.
Pour le choix des systèmes de chauffage, la pompe à chaleur air-eau s'impose comme la référence en maison individuelle. Couplée à un ballon thermodynamique pour l'eau chaude sanitaire, cette combinaison répond efficacement aux exigences re2020. En collectif, les solutions géothermiques ou les réseaux de chaleur décarbonés offrent des alternatives pertinentes.
Enfin, pensez à documenter vos choix matériaux avec les fdes correspondantes. Demandez systématiquement à vos fournisseurs les références inies de leurs produits. Cette traçabilité facilite le travail du bureau d'études thermiques et garantit la fiabilité des calculs présentés lors du dépôt de permis de construire.
Checklist avant dépôt de permis
Vérifiez que votre projet intègre bien les éléments suivants : une étude thermique conforme aux seuils 2025, des fdes individuelles pour les principaux lots (structure, isolation, menuiseries), un système de chauffage décarboné, et une attestation pcmi14 générée à partir d'une étude complète ThBCE. Notre équipe Etude-bet vous accompagne dans cette démarche.
Conclusion : anticiper les prochaines échéances
Les seuils 2025 de la re2020 constituent une étape intermédiaire dans un calendrier qui se poursuit jusqu'en 2031. Les prochains paliers, en 2028 puis 2031, apporteront des contraintes encore plus strictes. Pour les maisons individuelles, l'Ic construction devrait atteindre 415 kg CO₂/m² en 2031, soit une division par 1,5 par rapport aux seuils actuels.