Photovoltaïque et re2020 : ce qu'il faut vraiment savoir
Les panneaux photovoltaïques peuvent compléter une conception bioclimatique performante en re2020
L'essentiel à retenir
Les panneaux photovoltaïques ne sont pas obligatoires pour valider la re2020. Cependant, l'autoconsommation solaire améliore les indicateurs Cep et Cep,nr de votre projet. Attention : seule l'électricité consommée sur place est valorisée dans le calcul, pas celle revendue au réseau. De plus, l'empreinte carbone des panneaux augmente l'Ic construction. Le photovoltaïque reste un complément intéressant, mais ne remplace jamais une bonne conception bioclimatique.
Par Claire Montrevault, ingénieure thermicienne | Mis à jour le 17/12/2025
Introduction : le photovoltaïque, solution miracle ou complément utile ?
Avec l'entrée en vigueur de la re2020, de nombreux particuliers et professionnels s'interrogent sur la place du photovoltaïque dans leurs projets de construction neuve. Les promesses sont alléchantes : produire sa propre électricité, réduire ses factures, contribuer à la transition énergétique. Mais qu'en est-il réellement dans le cadre de la réglementation environnementale ?
Contrairement aux idées reçues, installer des panneaux solaires n'est pas un passage obligé pour obtenir votre attestation pcmi14. La re2020 privilégie avant tout une approche de sobriété énergétique : réduire les besoins plutôt que compenser une mauvaise conception par une production d'énergie. Cet article vous explique comment le photovoltaïque s'intègre dans le calcul re2020, ses avantages réels, ses limites, et dans quels cas il représente un choix pertinent pour votre projet.
Le photovoltaïque est-il obligatoire en re2020 ?
La réponse est claire : non, le photovoltaïque n'est pas obligatoire pour respecter la re2020. La réglementation environnementale ne prescrit aucun équipement spécifique. Elle fixe des objectifs de performance à atteindre, mesurés par les indicateurs re2020, et laisse aux concepteurs le choix des moyens pour y parvenir.
Cette approche performancielle signifie qu'une maison parfaitement conçue sur le plan bioclimatique, avec une excellente isolation et un système de chauffage performant, peut tout à fait valider la re2020 sans aucun panneau photovoltaïque. À l'inverse, installer une grande surface de panneaux ne compensera jamais une conception thermique défaillante.
Il existe toutefois des cas où le photovoltaïque peut devenir quasi-nécessaire. Certains projets avec des contraintes architecturales particulières (grandes surfaces vitrées mal orientées, faible compacité) ou situés dans des zones climatiques défavorables peuvent avoir besoin de cette production d'énergie pour atteindre les seuils réglementaires. Mais ces situations restent l'exception plutôt que la règle.
Une installation photovoltaïque bien intégrée sur une toiture orientée sud
Comment le photovoltaïque impacte le calcul re2020
La présence de panneaux photovoltaïques influence trois des six indicateurs du calcul réglementaire re2020. Comprendre ces mécanismes permet de prendre des décisions éclairées pour votre projet.
Amélioration du Cep et Cep,nr
Le cep (consommation d'énergie primaire) et le cep,nr (consommation d'énergie primaire non renouvelable) mesurent l'énergie nécessaire au fonctionnement du bâtiment. Le principe de calcul est simple : seule l'énergie importée depuis l'extérieur est comptabilisée.
L'électricité produite par vos panneaux et consommée directement sur place n'est donc pas considérée comme importée. Elle vient en déduction de vos besoins, améliorant mécaniquement vos indicateurs Cep et Cep,nr. C'est un avantage réel, mais conditionné à une utilisation locale de l'électricité produite.
Augmentation de l'Ic construction
Voici le revers de la médaille que beaucoup ignorent. L'ic construction mesure l'empreinte carbone des matériaux et équipements du bâtiment. Les panneaux photovoltaïques, malgré leur intérêt environnemental en phase d'exploitation, ont un impact carbone de fabrication non négligeable.
La méthode de calcul re2020 intègre cet impact de façon particulière : seule la part correspondant au taux d'autoconsommation est comptabilisée dans l'Ic construction. Si votre installation a un taux d'autoconsommation de 30 %, seuls 30 % de l'impact carbone des panneaux entrent dans le calcul. Cette règle peut sembler avantageuse, mais elle masque une partie de l'empreinte réelle.
Point technique : le calcul de l'impact carbone du photovoltaïque
Le calcul re2020 prend en compte plusieurs facteurs pour évaluer l'impact des panneaux photovoltaïques :
- L'impact carbone unitaire des panneaux (environ 141 kg eq. CO₂/m² selon les données génériques)
- La surface installée
- Le facteur de renouvellement (durée de vie estimée à 30 ans, contre 50 ans pour le bâtiment)
- Le taux d'autoconsommation du bâtiment
Pour les maisons individuelles, le seuil Ic construction max est de 530 kg eq. CO₂/m² depuis janvier 2025. Une installation photovoltaïque peut représenter 5 à 15 kg eq. CO₂/m² supplémentaires, ce qui reste gérable si le reste de la construction est optimisé.
Autoconsommation vs revente : une distinction cruciale
C'est probablement le point le plus important à comprendre. En re2020, seule l'autoconsommation est valorisée. L'électricité que vous revendez au réseau (le surplus) n'apporte aucun bénéfice dans le calcul réglementaire.
Cette approche reflète la philosophie de la réglementation : encourager une production adaptée aux besoins réels du bâtiment plutôt que transformer les toitures en centrales électriques. Un bâtiment qui produit massivement mais consomme peu localement ne sera pas mieux noté qu'un bâtiment sobre sans panneaux.
Principe de l'autoconsommation : seule l'électricité consommée sur place compte en re2020
Le taux d'autoconsommation : variable selon les projets
Le taux d'autoconsommation dépend de plusieurs facteurs liés au bâtiment et à ses occupants. En maison individuelle, ce taux est généralement compris entre 20 % et 40 % sans stockage. Les habitants travaillent souvent la journée lorsque la production est maximale, limitant la consommation directe.
Pour les bâtiments tertiaires occupés en journée (bureaux, écoles), le taux peut atteindre 60 % à 80 %, rendant le photovoltaïque plus pertinent dans le calcul re2020. Selon les données du Cerema, cette différence explique pourquoi le photovoltaïque est souvent plus intéressant pour les bâtiments à usage professionnel.
L'impact carbone des panneaux solaires : un point d'attention
La fabrication des panneaux photovoltaïques génère des émissions de gaz à effet de serre, principalement liées à la production du silicium et à l'assemblage. Cette empreinte carbone initiale est amortie au fil des années de production d'électricité décarbonée.
Dans le cadre de la re2020, cet impact est comptabilisé dans l'Ic construction. La méthode de calcul utilise soit des données génériques (MDEGD), soit des fiches environnementales spécifiques aux produits (PEP - Profil Environnemental Produit). Les fabricants proposant des PEP avec des valeurs inférieures aux données génériques permettent d'optimiser le bilan carbone.
Pour approfondir la question des impacts environnementaux, la base INIES recense les déclarations environnementales des produits de construction, dont les équipements photovoltaïques.
Le photovoltaïque pénalise-t-il vraiment le bilan carbone ?
La question mérite nuance. Sur le plan réglementaire, oui, les panneaux augmentent l'Ic construction. Mais sur le plan environnemental global, une installation photovoltaïque bien dimensionnée reste très positive : l'énergie propre produite pendant 25 à 30 ans compense largement les émissions de fabrication.
La re2020 adopte une vision de court terme (impact à la construction) alors que le bénéfice climatique du photovoltaïque se mesure sur la durée. C'est une limite de la méthode qu'il faut garder à l'esprit.
Bien dimensionner son installation
L'erreur classique consiste à surdimensionner l'installation en pensant maximiser les bénéfices. En re2020, c'est contre-productif. Une installation trop grande produira beaucoup de surplus non valorisé dans le calcul, tout en alourdissant l'Ic construction.
Recommandations pour une installation optimisée
Pour une maison individuelle, une puissance de 3 à 6 kWc est généralement suffisante. Cette fourchette correspond à 8 à 16 panneaux environ et permet un bon équilibre entre production et autoconsommation. L'orientation sud avec une inclinaison de 30° à 35° reste optimale, mais une orientation sud-est ou sud-ouest donne également de bons résultats.
Le choix du système de chauffage influence aussi la pertinence du photovoltaïque. Une pompe à chaleur air-eau ou un ballon thermodynamique consomment de l'électricité et peuvent donc valoriser une partie de la production solaire.
Un dimensionnement adapté aux besoins réels optimise le rapport coût/bénéfice
Exemples concrets et cas pratiques
Cas 1 : Maison de 120 m² avec PAC et ballon thermodynamique
Une maison bien conçue (bbio de 55 pour un bbio max de 63) équipée d'une pompe à chaleur air-eau et d'un chauffe-eau thermodynamique atteint facilement les seuils Cep et Cep,nr sans photovoltaïque. L'ajout de 3 kWc de panneaux améliore le Cep d'environ 5 à 8 kWhep/m².an, mais augmente l'Ic construction de 6 à 8 kg eq. CO₂/m². Dans ce cas, le photovoltaïque est un bonus appréciable pour les économies d'énergie, mais pas indispensable à la validation re2020.
Cas 2 : Maison avec conception thermique limite
Une maison moins compacte, avec de grandes baies vitrées à l'ouest et un bbio proche du seuil maximal, peut avoir des difficultés à atteindre le Cep max. Dans cette configuration, une installation photovoltaïque de 4 à 6 kWc peut devenir nécessaire pour compenser les faiblesses de conception. Le surcoût des panneaux s'ajoute alors à un projet déjà contraint.
Cas 3 : Bureaux de 500 m²
Un bâtiment tertiaire occupé en journée présente un profil idéal pour le photovoltaïque. Avec un taux d'autoconsommation pouvant atteindre 70 %, une installation de 20 à 30 kWc améliore significativement le Cep tout en optimisant le ratio impact carbone / bénéfice énergétique. Les nouvelles exigences re2020 pour le tertiaire rendent cette option particulièrement attractive.
Conclusion et points clés à retenir
Le photovoltaïque en re2020 n'est ni une obligation ni une solution miracle. C'est un outil parmi d'autres, dont la pertinence dépend de votre projet spécifique. La réglementation valorise uniquement l'autoconsommation et pénalise l'impact carbone des panneaux, ce qui impose un dimensionnement réfléchi.
La meilleure stratégie reste de privilégier la conception bioclimatique et l'efficacité de l'enveloppe avant de considérer le photovoltaïque. Une maison bien orientée, compacte, avec une isolation performante et des protections solaires adaptées validera plus facilement la re2020 qu'une maison mal conçue compensée par des panneaux.
Pour évaluer précisément l'intérêt du photovoltaïque sur votre projet, une étude thermique re2020 permet de simuler différents scénarios et d'optimiser vos choix techniques. Nos ingénieurs thermiciens vous accompagnent pour trouver le meilleur équilibre entre performance énergétique, impact carbone et budget.
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