RE2020 : ce qui ne change pas au 1er janvier (oui, ça existe !)
Les indicateurs énergétiques de la re2020 : une oasis de stabilité dans le désert réglementaire
En bref
Excellente nouvelle pour les professionnels du bâtiment : les indicateurs Bbio, Cep, Cep,nr et DH de la re2020 restent inchangés au 1er janvier 2025. Seuls les seuils carbone (Ic énergie et Ic construction) évoluent. Un rare moment de stabilité à savourer !
Claire Montrevault
- Experte en réglementation thermique | Publié le 06/01/2025
Quand la stabilité devient une actualité
Avouons-le : dans le secteur du bâtiment, annoncer que quelque chose ne change pas relève presque du scoop journalistique. Entre les évolutions de la re2020, les nouvelles exigences carbone, les ajustements de dernière minute et les décrets publiés le 30 décembre (oui, vraiment, consultez le décret n° 2024-1258 sur Légifrance), les professionnels ont parfois l'impression de jouer à un jeu vidéo où les règles changent en cours de partie.
C'est pourquoi aujourd'hui, nous avons décidé de vous offrir un moment de répit. Installez-vous confortablement, prenez un café (ou quelque chose de plus fort si vous venez de découvrir le décret n° 2024-1258), et découvrez tout ce qui reste merveilleusement, délicieusement, extraordinairement... stable.
Sommaire
1. Le Bbio : l'indicateur qui refuse de bouger
2. Le Cep et Cep,nr : la constance incarnée
3. Les degrés-heures : toujours au frais
4. Les procédures administratives : même formulaire, même combat
5. Ce qui change quand même (pour être honnête)
6. Exemples pratiques : votre projet en 2025
7. Conclusion : savourez la stabilité
Le Bbio : l'indicateur qui refuse de bouger
Le Bbio (besoin bioclimatique) est un peu le philosophe stoïcien de la re2020. Depuis 2022, il observe les changements réglementaires avec un détachement admirable et continue sa route sans dévier d'un point.
Les seuils Bbio max restent exactement les mêmes qu'en 2024, qu'en 2023, et qu'en 2022. Cette stabilité perdurera jusqu'en 2031, selon le calendrier officiel publié par le ministère. Concrètement, cela signifie que vos calculs d'enveloppe, vos choix d'isolation et vos orientations de façades suivent les mêmes règles qu'avant les fêtes.
Pour une maison individuelle, le Bbio max moyen reste fixé avec une exigence d'environ 30% plus stricte que la rt2012, modulé selon la zone climatique, l'altitude et la surface. Pas de surprise, pas de recalcul de dernière minute : vos projets déposés en décembre 2024 et ceux déposés en janvier 2025 jouent avec les mêmes cartes.
Le Bbio : une ligne plate qui fait du bien dans un monde de courbes ascendantes
Le Cep et Cep,nr : la constance incarnée
Les indicateurs Cep (consommation d'énergie primaire) et Cep,nr (consommation d'énergie primaire non renouvelable) ont visiblement décidé de suivre l'exemple du Bbio. Ces deux compères mesurent l'efficacité énergétique de vos systèmes de chauffage, ventilation, eau chaude sanitaire, éclairage et auxiliaires.
Bonne nouvelle : leurs seuils n'évoluent pas au 1er janvier 2025. Vos pompes à chaleur, vos VMC double flux et vos chauffe-eau thermodynamiques continuent de performer selon les mêmes critères. Les calculs réalisés fin 2024 restent parfaitement valides.
Le Cep évalue l'ensemble de l'énergie consommée, tandis que le Cep,nr se concentre sur les énergies non renouvelables. Cette distinction encourage le recours aux énergies renouvelables sans pénaliser excessivement l'autoconsommation. Et cette philosophie reste intacte en 2025.
Les degrés-heures : toujours au frais
L'indicateur DH (degrés-heures d'inconfort) mesure le confort d'été de votre bâtiment. Il calcule l'intensité et la durée des périodes où la température intérieure dépasse les seuils de confort, comme détaillé dans les ressources du CEREMA. Plus votre DH est bas, plus vos occupants resteront sereins pendant les canicules.
Ce petit indicateur, introduit par la re2020 pour répondre aux enjeux du changement climatique dans le secteur du bâtiment, garde exactement les mêmes exigences en 2025. Le seuil DH max ne bouge pas d'un degré-heure. Vos stratégies de protection solaire, d'inertie thermique et de ventilation nocturne restent les mêmes.
C'est particulièrement rassurant quand on sait que le confort d'été est souvent le point le plus délicat à atteindre dans les projets re2020. Au moins, la cible ne se déplace pas pendant que vous visez !
Le DH : votre allié pour des étés sereins, avec des règles qui ne changent pas
Les procédures administratives : même formulaire, même combat
Si vous craigniez de devoir réapprendre toute la procédure d'obtention de votre permis de construire, respirez. L'attestation pcmi14 reste le sésame obligatoire pour votre dossier, générée selon les mêmes modalités.
Ce qui reste identique pour votre permis de construire
La procédure administrative de la re2020 reste inchangée. Vous devez toujours fournir une attestation pcmi14 au dépôt du permis, établie par un bureau d'études thermiques qualifié après calcul du Bbio et du DH. Les modalités sont détaillées sur service-public.fr.
Le test d'étanchéité à l'air reste obligatoire en fin de chantier avec le même seuil : Q4Pa-surf inférieur ou égal à 0,6 m³/(h.m²) pour les maisons individuelles. Le contrôle de la VMC et l'attestation de fin de travaux suivent également le même protocole qu'en 2024.
Les documents à fournir pour une étude thermique n'ont pas changé : plans, descriptif des matériaux, caractéristiques des équipements. Votre bureau d'études (comme Etude-bet) travaille avec les mêmes éléments qu'avant.
Ce qui change quand même (pour être honnête)
Soyons transparents : si les indicateurs énergétiques restent stables, les indicateurs carbone, eux, évoluent. C'est le principe même de la re2020 qui prévoyait dès l'origine un durcissement progressif des exigences environnementales.
L'Ic énergie (impact carbone des consommations énergétiques) voit ses seuils abaissés, particulièrement pour les logements collectifs avec une réduction d'environ 50%. Comme le souligne la Fédération Française du Bâtiment, c'est cette évolution qui signe concrètement la fin du gaz seul dans le collectif neuf.
L'Ic construction (impact carbone des matériaux) baisse également d'environ 15 à 17% selon les typologies. Cette évolution pousse vers des matériaux moins carbonés et des FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) plus précises, référencées dans la base INIES.
Mais ne nous laissons pas abattre : les changements carbone étaient prévus et documentés depuis 2021. Pas de surprise de dernière minute, juste l'application du calendrier initial. C'est presque... rassurant ?
Les seuils carbone évoluent, mais c'était prévu au programme depuis le début
Exemples pratiques : votre projet en 2025
Cas n°1 : Maison individuelle de 120 m²
Vous déposez votre permis en janvier 2025 pour une maison de plain-pied en zone H2b. Les exigences Bbio max, Cep max, Cep,nr max et DH max sont strictement identiques à celles d'un permis déposé en décembre 2024. Votre étude thermique réalisée fin 2024 reste valide sans modification.
En revanche, si votre étude thermique intègre l'ACV (analyse du cycle de vie), les seuils Ic construction et Ic énergie ont évolué. Mais pour une maison individuelle avec pompe à chaleur, l'impact reste généralement maîtrisable.
Cas n°2 : Petit collectif de 12 logements
Pour un immeuble collectif, les indicateurs Bbio, Cep et DH restent identiques. La différence majeure concerne l'Ic énergie : les solutions gaz seul ne permettent plus d'atteindre les seuils 2025. Les solutions hybrides (PAC + appoint gaz) ou tout électrique deviennent la norme.
Bonne nouvelle complémentaire : le décret du 30 décembre 2024 introduit des modulations favorables pour les petits collectifs, allégeant notamment le poids carbone des ascenseurs rapporté à la surface.
Cas n°3 : Extension de 80 m²
Pour une extension de bâtiment existant, les règles d'application restent les mêmes. Une extension de plus de 50 m² et moins de 150 m² suit les exigences re2020 avec les mêmes indicateurs qu'en 2024. La procédure d'attestation ne change pas.
Conclusion : savourez la stabilité
Dans un secteur habitué aux bouleversements réglementaires, cette stabilité des indicateurs énergétiques mérite d'être célébrée. Le Bbio, le Cep, le Cep,nr et le DH traversent 2025 sans modification, offrant aux professionnels un cadre de travail prévisible.
Cette constance n'est pas un hasard : elle traduit la maturité de la re2020 sur son volet énergétique. Les exigences fixées en 2022 se sont révélées pertinentes et atteignables, sans nécessiter d'ajustement. Comme le note l'Ordre des Architectes, c'est plutôt une bonne nouvelle pour la qualité de la réglementation.
Les évolutions carbone, quant à elles, s'inscrivent dans une trajectoire connue et documentée. Les professionnels qui ont suivi le calendrier de la re2020 ne seront pas surpris.
Points clés à retenir
Indicateurs stables en 2025 : Bbio, Cep, Cep,nr, DH (seuils identiques à 2024 et jusqu'en 2031).
Procédures inchangées : attestation pcmi14, test d'étanchéité Q4Pa-surf ≤ 0,6, contrôle VMC.
Évolutions carbone prévues : Ic énergie (-50% en collectif), Ic construction (-15 à 17%).
Impact pratique : Vos études thermiques 2024 restent valides sur le volet énergétique.
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